La justice vient d’infliger 6 000 € d’amende parfumeur Jean-Paul Guerlain pour « injures racistes ». Selon le procureur de la République, les propos qu’il avait tenu le 15 octobre 2010 au journal de France 2 sur les « nègres » avaient constitué un « trouble à l’ordre public ». Lors de son procès, il s’était fendu de plates excuses.
Jean-Paul Guerlain ne s’est pas rendu, cet après-midi, au palais de justice de Paris pour entendre la décision des magistrats concernant les propos qu’il avait tenu au « 13 heures » de France 2.
C’était le 15 octobre 2010. Le parfumeur, alors retraité, répondait aux questions de la journaliste Elise Lucet à propos de la création du parfum Samsara dans les années 80.
Relents colonialistes ?
De manière très détachée, Jean-Paul Guerlain avait alors raconté s’être, à cette occasion, mis « à travailler comme un nègre », ajoutant très ironiquement : « Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… »
Cette sortie très fâcheuse, à laquelle n’avait d’ailleurs pas réagi Elise Lucet, a immédiatement soulevé l’indignation de plusieurs associations de lutte contre le racisme et déclenché une vive émotion au sein de la communauté noire qui y a vu de sombres relents de colonialisme.
Considérant qu’ils constituaient un « trouble à l’ordre public », les juges du tribunal correctionnel de Paris ont sanctionné ces propos et condamné, aux fins d’injures raciales, leur auteur à une amende de 6 000 euros.
Il devra verser 2 000 euros de dommages et intérêts à chacune des trois associations anti-racistes qui avaient porté plainte : Mrap, Licra et SOS Racisme.
Des excuses à l’audience
Lors de son procès, Jean-Paul Guerlain avait formulé des excuses à l’adresse de « la communauté noire », qualifiant ses propos d’ « imbécilité » et martelant qu’il était « tout sauf raciste » : « La première partie de ma phrase est une phrase que j’ai entendue toute ma jeunesse quand je travaillais dans le jardin de mon grand-père. Je suis d’une autre génération » avait-il tenté de justifier.
Au plus fort du scandale en 2010, les dirigeants de la société avaient, pour briser l’amalgame créé sur le nom « Guerlain », rappelé que Jean-Paul Guerlain n’est plus actionnaire de l’entreprise depuis 1996 et n’en est même plus salarié depuis 2002.